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Ukraine L'agriculture, une bouée de sauvetage pour l'économie

Avec ses gigantesques terres arables figurant parmi les plus fertiles du monde et dotées d'un climat propice, l'Ukraine, jadis surnommée «grenier à blé de l'Europe», compte largement sur son secteur agricole pour maintenir à flot son économie titubante.

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«Cette année, l'agriculture est le seul secteur à croître en Ukraine», écrivait lundi l'hebdomadaire économique Kontrakty. La crise économique mondiale a frappé de plein fouet l'économie ukrainienne, jusqu'alors très dynamique : sa production industrielle s'est effondrée de -31,1% et son Pib de 18% au premier semestre de l'année sur un an.

La tendance est à l'opposé chez les agriculteurs : leur production a progressé de 3,8% au cours des premiers sept mois de l'année et le poids du secteur agricole dans les exportations progresse au détriment des industries déprimées par la crise, comme la sidérurgie ou la chimie.

 


Les céréales (orge, blé, maïs, seigle) ont ainsi représenté 9,4%
de la totalité des exportations ukrainiennes au premier semestre de
l'année.  (© Terre-net Média)
Les céréales (orge, blé, maïs, seigle) ont ainsi représenté 9,4% de la totalité des exportations ukrainiennes au premier semestre de l'année, contre 3,1% sur la même période en 2008. La récolte de l'an dernier a battu tous les records depuis l'indépendance du pays en 1991, à 53,3 millions de tonnes dont près de la moitié a été exportée, selon les chiffres ukrainiens. Ce résultat a fait de cette ex-république soviétique le cinquième plus gros exportateur mondial avec 10% du marché, selon le Département d'Etat américain de l'agriculture.

L'agriculture, principal espoir

 Même si la récolte 2009 s'annonce plus modeste (de 42 à 45 millions de tonnes selon les estimations) l'Ukraine semble déterminée à poursuivre sur cette voie et devrait en exporter environ 18 millions de tonnes. «L'agriculture est le principal espoir de l'économie en matière de balance des paiements», relève Mykhaïlo Salnykov, expert de la société d'investissement Sokrat Capital. «C'est elle qui empêche une dévalution encore plus sévère de la monnaie nationale», la hryvnia, explique-t-il. Celle-ci a déjà perdu plus de 40% depuis le début de la crise en septembre dernier. Surtout, le potentiel de l'agriculture ukrainienne, qui a commencé à se redresser en 2000 de la crise post-communiste et emploie aujourd'hui 20% de la population active est «immense», souligne dans une note d'analyse de l'ambassade de France en Ukraine.

L'Ukraine possède 42 millions d'hectares de terres agricoles et 22% des terrains arables européens. Et les deux tiers de la surface totale du pays sont couverts de terres noires (tchernozem) considérées comme les plus fertiles du monde, selon Sokrat Capital. Et son climat témpéré est «en général très favorable aux activités agricoles», renchérit l'étude.

Le rendement en progression

Le rendement moyen des céréales en Ukraine s'est élevé à 3,5 t/ha en 2008 contre 4,5 t/ha dans l'Union européenne, mais il ne cesse de progresser, laissant espérer à moyen terme une récolte de 74-95 millions de tonnes par an, selon l'Institut des recherches économiques à Kiev.

Le développement du secteur est cependant ralenti par des problèmes d'équipement, une bonne partie du matériel datant de l'époque soviétique. Le coût de la main d'oeuvre est parmi les plus bas en Europe, mais le personnel qualifié n'est pas facile à trouver. Le pays souffre aussi d'un manque de capacités de stockage. Les atouts du secteur agricole ukrainien le rendent alléchant pour les investisseurs occidentaux. Leur affluence est toutefois entravée par le moratoire interdisant toute vente des terres agricoles, qui ne peuvent qu'être prises en location. Dans cette situation, «beaucoup de sociétés jugent trop risqué d'y investir, ce qui fait baisser la valeur des actifs agricoles», relève M. Salnykov.

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